Event
Description
L’univers dessiné par Catherine Le Goff ressemble étrangement à celui d’Alice. Ou plutôt à celui d’une Alice qui, au lieu d’émerger de son rêve et du pays des merveilles, vivrait derrière le fond sans teint du miroir, éveillée, en toute conscience de ce qui se trame sous la surface des choses. Au détour des paysages familiers du canal ou ceux paisibles de la plage, c’est l’insolite qui s’invite. Les animaux, les fleurs, le cirque festif, les gestes tendres des couples, les corps arrondis des poupées et des filles contorsionnistes qui plient sans jamais se briser, et forment des angles impossibles en articulant des pensées surprenantes – sont autant d’indices joyeux décrits dans le cadre défini des pages de dessins où les corps et les lignes coexistent et se complètent. Pourtant, derrière la beauté naïve et enfantine, dans l’incision de la gravure, le creusement des traits noirs ou le jeu des pastels, se cache aussi la face sombre d’une réalité plus tourmentée. Celle de corps désarticulés, disloqués, figés dans le mouvement, rendus prisonniers de cadres ou de cubes, des trajectoires et des textes. Des corps menacés par la gueule avide d’un lion-soleil ou capturés dans le tourbillon étourdissant et carnavalesque du carrousel des passions. Dans une explosion de sens, la poésie jaillit de ce délicat équilibre qui s’établit entre la fixité et le mouvement, la souffrance et la renaissance. Le paradoxe s’inscrit dans les moindres détails de ces mondes miniatures. Il se révèle dans l’échange parfois cruel du ‘donner et recevoir’ ; dans les danses macabres initiées par des jeunes filles téméraires, face à des squelettes pas si effrayants. Dans les vues plongeantes sur les corps allongés, reliés aux poches qu’on imagine remplies de sang, travaillés par des mains anonymes. Dans les racines qui jaillissent des ventres des femmes, les libérant en prolongeant l’humain dans le végétal. Ils évoquent, sans rien leur devoir, leur affinité avec certaines peintures de Frida Kahlo. Celles où elle exprime les tourments et les métamorphoses de son corps, et esquisse du même coup, dans des images saisissantes, les tréfonds de ses entrailles et de son âme.
Muriel Andrin Université Libre de Bruxelles
Vernissage 27/9/18 18-21h Visites : 14-18h Vendredi 29/9, Samedi 30/9, Vendredi 6/10, Samedi 7/10 EventList powered by schlu.net |
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